Survivre à l’heure des devoirs (Part 2), par Valentine Brugère
Trois raisons peuvent amener nos enfants à ne pas vouloir faire leurs devoirs:
- le mauvais timing et la fatigue d’une journée de classe;
- le manque de confiance en soi (« de toute façon, je suis nul, donc ça sert à rien »);
- l’hyperparentalité ou la surimplication du parent dans les devoirs de l’enfant.
Concernant le mauvais timing et la fatigue, je vous invite à lire ou relire l’article précédent “Survivre à l’heure des devoirs : où – quand – comment ?” pour avoir plus d’astuces. Ici
- Le manque de confiance en soi
La confiance en soi naît de l’estime de soi. Ainsi, pour que votre enfant ait confiance en ses capacités et en ses compétences, la valorisation de ce qu’il fait bien est primordiale.
L’école met souvent en avant ce qui n’est pas acquis ou les points sur lesquels il faut progresser. Certains ont des codes couleurs vert-orange-rouge, d’autres vont gagner des bons points. Donc votre enfant est conscient de ses faiblesses, que ce soit pour les apprentissages ou le comportement.
A la maison, je vous invite à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide..
Je vous propose 3 astuces pour renforcer la confiance de votre enfant dans ses compétences scolaires :
👏👏Valorisez à fond votre enfant
Si votre enfant peine à faire ses exercices de maths par exemple, quand il arrive à en faire un plus rapidement que d’habitude, soulignez cet effort “Bravo, tu as réussi à faire cet exercice sans te décourager !”
Vous pouvez également lui demander comment il se sent après cet effort : fier, fatigué, heureux, prêt à recommencer…?
S’il a des difficultés à apprendre par cœur une poésie par exemple, il est déjà possible que la position dans laquelle il essaie de l’apprendre ne soit pas la bonne. S’il est assis à son bureau, proposez-lui de se mettre debout, de faire des gestes en lien avec les mots de la poésie, de bouger. Le mouvement va aider son corps et son cerveau à associer des mots et des gestes.
Une fois sa poésie apprise, même si votre enfant butte encore sur quelques mots ou quelques enchaînements, valorisez sa capacité à avoir retenu tous ces mots alors que ça lui paraissait être une montagne quelques jours plus tôt.
💪💪Renforcez ses comportements positifs
On a tous envie que nos enfants réussissent, ce qui peut nous amener à souligner un peu trop ce qu’ils ne parviennent pas à réaliser. Nous vivons dans une société où la course à la performance est partout.
Malheureusement, en se concentrant essentiellement sur les comportements négatifs de votre enfant, il va intégrer que c’est en se comportant de la sorte qu’il obtient votre attention.
Si, au moment de faire les devoirs, il ne veut pas s’y mettre alors que son frère sort ses affaires sans faire d’histoire, il y a de fortes chances pour que votre attention se concentre sur l’enfant qui ne veut pas s’y mettre plutôt que sur celui pour qui tout roule.
Votre enfant retient donc qu’en faisant le bazar, en refusant de travailler, en allant embêter son frère, etc. vous réagissez. Même si ce n’est pas de manière agréable, il aura attiré votre attention.
Je vous propose d’essayer de l’encourager, le complimenter, de nommer ses comportements positifs en évitant les comparaisons avec le frère ou la sœur qui a le comportement attendu, mais aussi de lui montrer ce qu’il peut tirer de ces comportements.
“Tu as déjà sorti ton cahier, super, tu veux me montrer ce que tu as fait aujourd’hui?” ou “Génial, tu as pensé à rapporter tous tes cahiers aujourd’hui, on va pouvoir faire les exercices directement dedans et pas sur une feuille volante” ou encore “Tu as vu finalement, ce soir on a fait les devoirs sans s’énerver, c’était super et maintenant il te reste 10 minutes pour jouer avant d’aller prendre le bain”.
🚀🚀Modélisez l’estime de lui
Pour que votre enfant ait confiance en ses compétences, n’hésitez pas à lui montrer que vous-mêmes avez confiance en ses compétences.
Quand vous parlez de lui à une tierce personne, parlez-en de manière positive. Vous pouvez par exemple remplacer les “C’est un cancre”, “Quel flemmard”, ou “Avec lui c’est toujours la lutte pour le mettre au travail” par “Il adore l’art plastique et a moins d’intérêt pour la physique”, “Son truc c’est tout ce qui est manuel, il est super fort pour réparer les objets à la maison” ou “Il a besoin d’un temps de jeu avec moi avant de se mettre à ses devoirs”.
De même quand vous vous adressez à lui. Vous pouvez valoriser ses actes plutôt que de vous concentrer sur sa personne.
Si vous enfant se trompe en faisant un exercice qui vous paraissait simple, au lieu de lui dire qu’il ne comprend jamais rien (jugement de sa personne), concentrez-vous sur ses actes en soulignant qu’il s’est trompé mais qu’en recommençant il va y arriver, que vous avez confiance en ses capacités.
- La surimplication du parent dans les devoirs
Parfois, le fait même que le parent insiste, se fâche, sorte les affaires de son enfant voire fasse certains devoirs à sa place, vient renforcer son comportement d’opposition ou de dépendance dans la réalisation des devoirs.
Si c’est une habitude que vous avez prise, vous pouvez progressivement inviter votre enfant à développer son autonomie en lui proposant par exemple de ne plus vérifier tous les jours s’il a fait tous ses devoirs mais en le laissant responsable de cette tâche.
Puis en lui proposant de ne plus lui dire tous les jours de faire ses devoirs.
Et vous pouvez choisir ensemble les jours où il est autonome et les jours où vous le lui rappelez.
Au début, ça peut être difficile pour lui de s’y mettre seul, car il a pris l’habitude de se reposer sur votre rappel. Donc s’il oublie de faire tout ou partie de ses devoirs, je vous invite à ne pas vous fâcher mais à lui rappeler simplement que c’était à lui d’y penser ce jour-là. Vous pouvez lui demander comment il s’est senti en classe quand les devoirs ont été corrigés ou qu’il a été interrogé sans avoir révisé sa leçon.
Votre changement d’attitude risque de le surprendre et il y a de fortes chances qu’il se mette de plus en plus souvent à faire ses devoirs par lui-même, ou en tous cas plus facilement qu’auparavant.
Pour aller plus loin
- “Apprendre Autrement avec la Pédagogie Positive – A la maison et à l’école, (re)donnez à vos enfants le goût d’apprendre”, de Audrey Akoun et Isabelle Pailleai
- “Aidez votre enfant à prendre confiance en lui: Exercices et outils pour qu’il ose affronter la vie”, de Stéphanie Couturier