Ça y est, votre candidature a été retenue, vous êtes à ce fameux entretien d’embauche 🥇 et dans nos process actuels, vous risquez en plus d’en passer plusieurs pour un même poste.

Premier conseil, on respire et on s’y prépare surtout si c’est le job de vos rêves !

Toutefois, on n’oublie jamais qu’un entretien, c’est tout d’abord une rencontre, un échange, une découverte mutuelle entre une entreprise et un candidat et/ou un job et une expertise.

Il est évident que de nombreux aspects professionnels vont être abordés. Voire peut-être même personnels. Mais attention jamais vous ne répondrez à une question qui vous fera sentir mal à l’aise : détournez immédiatement la discussion, voire coupez-la.

Moi-même, lors d’entretiens pour des postes de DRH, j’y ai été confrontée et j’ai souvent fait le choix d’y répondre en toute franchise et transparence, ou d’y répondre en jouant la carte de l’humour. Mais j’avais décidé d’y répondre et si cela devait acter la fin du processus de recrutement et bien çà l’aurait arrêté.

Revenons à votre entretien 😊, il y a plusieurs questions qui sont considérées comme inappropriées ou illégales lors d’un entretien de recrutement et ces items (25) sont repris au sein du Code du travail en son article L.1132-1 en voici quelques-uns : “la race, la couleur de peau, l’origine ethnique, la nationalité, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état civil, la grossesse, les questions de santé, la religion ou les convictions politiques, l’appartenance syndicale …”

A la lecture de ces items, on se rend bien compte qu’ils n’ont aucun rapport direct avec les capacités du candidat à réaliser les tâches liées au poste proposé ou à ses aptitudes professionnelles et pourtant malheureusement, cela existe encore en entretien.

Voici quelques exemples, que vous pourriez entendre au cours d’un entretien et que j’ai moi-même entendus … :

  • Êtes-vous marié.e ? Prévoyez-vous de vous marier ? A cette question, je m’étais permis de répondre que la vie était faite de rebondissements…
  • Avez-vous des enfants ? Prévoyez-vous d’en avoir ? A cette question, je m’étais permis de répondre la vérité car si le fait d’avoir des enfants devait être un repoussoir alors cette entreprise n’était pas pour moi.
  • Avez-vous un mode de garde ? A cette question, je m’étais permis de répondre que, tout comme pour les concevoir, nous étions deux à nous occuper des enfants…
  • Où habitez-vous ? A cette question, je m’étais permis de répondre dans une ville avec un large réseaux de transports…
  • Pourquoi vous ne portez pas le nom de votre mari ? A cette question, je réponds parce que mon mari n’est pas DRH…

Ou encore :

  • Êtes-vous syndicalisé.e ? Avez-vous déjà exercé des mandats ?
  • Votre prénom et nom de famille, c’est de quelle origine ?
  • Il y a une longue pause dans votre CV, vous avez été malade ? Quelle maladie ?

Il est fort contrariant d’entendre que souvent ce sont les femmes les plus sujettes à ce type de questions notamment sur les enfants. Je ne connais aucun homme dans mon cercle professionnel à qui on a posé la question du mode de garde … et vous ?

Je rapporte ici, au-delà du ressenti, une enquête menée auprès de 4000 salariés français durant le mois d’avril 2021 par le site de recherche d’emploi Meteojob, avec l’IFOP. En 20 ans, les discriminations lors de la recherche d’emploi ont doublé, passant de 12 % en 2001 à 21 % en 2021.

20 % des femmes racontent déjà avoir fait l’objet de discrimination durant l’entretien, contre 15 % de leurs homologues masculins.

Et d’après l’enquête, la vie privée des femmes est le sujet qui génère le plus de remarques sexistes : 1 femme sur 2 dit avoir déjà été interrogée sur le fait qu’elle ait ou non des enfants, contre 1 homme sur 3. Pour 1 femme sur 4, la question a plutôt concerné le fait d’en vouloir.

Édifiant !

Face à une question illégale, il existe plusieurs façons de répondre et celle-ci dépendra de votre envie ou non de rejoindre l’entreprise. Il est évident que si vous y allez en frontal vous risquez de ne pas poursuivre le process et en même temps en avez-vous vraiment envie ??

Si vous pensez que ce n’est « que » de la maladresse de la part de la personne qui vous interroge, dans ce cas voici quelques conseils pour réagir :

  • Reformulez la question et recadrez l’entretien ;
  • Restez vague et/ou soyez ferme. Vous avez le droit de dire non ;
  • Détournez la conversation par l’humour ;

Et si cela va trop loin, quittez l’entretien. Vous n’êtes pas là pour vous sentir mal !

Tout en respectant ce cadre légal, il parait important à mon sens de préciser que certaines choses se doivent d’être dites surtout si elles ont un impact sur votre futur poste (ex: congés à négocier, un handicap invisible mais qui nécessite un aménagement de poste) et si cela bloque votre process, c’est que ce n’était pas la bonne boîte tout simplement 😉  C’est donc un mal pour un bien.

Petit mémo sur le cadre légal :

Si une question illégale est posée lors d’un entretien d’embauche, il est possible de saisir le Défenseur des Droits. La personne qui pose une question illégale s’expose à des sanctions judiciaires, notamment si vous êtes capable d’en rapporter la preuve.

Si vous êtes délibérément écarté d’un processus de recrutement pour un motif discriminatoire (ce qui n’est pas toujours facile à prouver), vous pouvez attaquer le recruteur ou l’entreprise en justice en saisissant le Conseil de prud’hommes ou le tribunal correctionnel.

Les sanctions sont lourdes : 3 ans d’emprisonnement et une amende pouvant aller jusqu’à 45 000 euros.

Ségolène LEPVRIER HANNART

Diplômée d’un master 2 en Droit du Travail et RH à la Sorbonne, Ségolène débute sa carrière en tant que Généraliste RH, puis devient naturellement Responsable RH, puis DRH.
Naviguant au sein de différentes structures (de la TPE à la PME) et dans divers secteurs (luxe, services, édition, BTP et formation) elle développe et/ou construit des services et une politique RH en entreprise.
Profondément « amoureuse » de l’Humain et de ses multiples facettes, Ségolène œuvre au quotidien pour une RH de Business Partner, décomplexée, apporteuse de sens et de valeurs, proche de ses collaborateurs, des équipes et des dirigeants, ce qui lui permet de concilier les envies et les besoins de chacun dans un esprit et un corps d’ensemble.
Son leitmotiv : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin » (proverbe africain
).